Ses yeux se ferment sur le rouge drap fin. La fenêtre est restée ouverte et l'air prend plaisir à s'engouffrer dans la chambre.
Salomon s' e n d o r t, la main sous la joue, la clavicule dévoilée, sa peau dorée prend mille couleurs. Des formes se dispersent et s'assemblent, tanguent doucement, le bercent.
Et Salomonr ê v e
Au début c'est
très subtil
c'est juste des morceaux de
scènes et rien n'est
vraiment bien dessiné.
Puis d'un coup ça va mieux, c'est un peu moins c h a oti qu e. C'est plus concis clair précis. Les mots se posent comme les oiseaux, chantent leurs mélopées dans des rues inconnues. Du rouge du bleu, du orange et du jaune tournesol ornent les murs, du violet s'immisce quand du blanc le rejoint. Le vert des plantes grimpe sur les pierres et s'enroule sur des piquets, le sol est fait de pavés, une marelle multicolore et irisée. Salomon n'est jamais venu dans ce lieu un peu magique où le temps semble suspendu. Comme un conte. Une éternité magique mais instantanée. Et Salomon à nouveau ferme les yeux, il sent un vent frais parcourir ses joues, sa nuque et une douceur infinie sur ses jambes. Il ne ressent plus la douleur d'être assis. Car il en est sûr à présent : il tient debout. Il peut courir, il peut danser, il peut sauter. Il est redevenu enfant. Un enfant comme les autres.
Et Salomon rêve. Le rêve
estdélicieux.
Telles des paillettes les secondes brillent (s'éteignent). La marche onirique est haute mais il en veut encore, de ces instants-poèmes qui le rendent tout en joie. Des ces minutes(-papillons) qui batifolent dans sont coeur.
Salomon se retourne. Une porte s'entrebâille, s'entrouvre, l'appelle. Les couleurs chatoyantes poussent ses pas vers le noir infini derrière les gonds silencieux. Il y a une autre rue derrière la porte, une autre rue colorée, magnifique, resplendissante.
Une rue de rois. De reines.
Salomon court à travers la rue, il court car il n'en peut plus, c'est trop beau, trop vrai. C'est effréné
Ça tangue !méfie toi salomon
Il s'arrête. Il entre dans une maison, une grande maison avec des murs dorés, des murs colorés, des murs d'ailleurs (encore, toujours). Des plantes se reposent sur un tapis brodé, des écailles scintillent au fond d'un bocal de verre, derrière les étoffes le soleil filtre.
Salomon se couche sur les coussins, les matelas. C'est doux et soyeux.
Et puis, il voudrait bien fermer les yeux
calmer ses poumons endiablés
il s'apprête à les éteindre
mais ses iris se posent
sur
une clavicule.