Nous sommes au premier siècle après Jésus Christ (l'an I, donc), dans les années qui suivent sa crucifixion : nous sommes donc vers l'an 30 ou 40. Jérusalem est sous domination romaine et les peuples arabes, égyptiens, grecs et juifs sont soumis à cette tyrannie, souvent réduits à l'esclavage s'ils n'obtempèrent pas. La répression est terrible et nombre de personnes sont désespérées par l'évolution des événements. La disparition du Christ a elle aussi suscité beaucoup de bouleversements, car les juifs ayant reconnu Jésus comme le Messie (ceux qui deviendront plus tard les chrétiens) sont d'autant plus surveillés, sans parler de ceux qui attendent toujours et dont la révolte gronde au fond de leurs viscères. Les apôtres se sont dispersés et continuent de répandre les mots du crucifié, mais qu'en est-il des rois mages ? C'est là que nous nous écartons de la réalité et des superstitions pour faire nos propres suppositions. Rappelons que nous sommes dans une société principalement polythéiste mais avouons le, dominée par un Empereur romain dit "divin Empereur" : il est considéré comme Dieu. Il est encore plus puissant que Jupiter et tous ses pairs. Il gouverne le monde et fait fléchir n'importe qui. Pourtant, l'arrivée de Jésus a renforcé les pensées et théories monothéistes dans le système religieux. Nos trois rois mages, Balthazar, Melchior et Gaspard, sont désespérés de voir la Terre Promise et Jérusalem, ville où tous les peuples auraient dû se rencontrer et s'aimer, souillées par la guerre et le sang, alors qu'elles pourraient être des endroits de paix et de calme, de convivialité. Après la crucifixion du Christ, ils s'éclipsèrent et partirent explorer un endroit (presque) jamais foulé auparavant : le désert rouge. Laissé à l'état originel tel que Dieu l'avait conçu lors de le Création, le sol y est poussiéreux et infertile, rare sont les animaux qui y survivent et aucun point d'eau à l'horizon. Seulement des dunes, à perte de vue. Pourtant, sur cette terre de désolation, les étoiles brillaient plus fort. Un souffle nouveau, peut être celui de la vie, les poussait à croire de nouveau en une ère de paix. Les rois mages avaient fait quelques pas. C'était un commencement.
Ils marchèrent (très) longtemps. Ils avaient soif, faim, mais leur désir de réponses et de paix leur dévorait encore plus les entrailles. Leurs dieux ou Dieu, ils ne savaient plus, ne s'étaient pas montrés et plus ils avançaient plus ils croyaient devoir renoncer. C'est au lendemain d'une nuit de feu que leurs efforts furent récompensés. Sous leurs pieds sales et endoloris, entre les cailloux rouges et les grains de sable rouges, se dressait une pauvre oasis. Elle tenait plus du lac, ses eaux étaient calmes et peu d'arbres arrivaient à pousser. Les brins d'herbe avaient jaunis mais ils avaient dû être verts un temps. Les mages étaient tout de même contents de la trouver. Avant de s'y déshydrater, ils remercièrent leurs dieux et Dieu. Après trois longues gorgées, ils surent qu'ils étaient arrivés.
Par quel miracle (était-ce un mirage ?) cette oasis avait pris source ? Gaspard disait que c'était là l'œuvre de Moïse, lors de sa quête de la Terre Promise, Melchior disait que c'était Dieu qui l'avait mise là pour leur indiquer l'endroit d'un nouvel essor. Balthazar, quant à lui, restait silencieux. Heureux, tout de même, ils s'affairèrent à rassembler toutes les pierres de la zone et en quelques mois la première maison fut debout. Leurs vieux os craquaient mais ils étaient soulagés. De là à faire une ville, on en était loin. Ils décidèrent d'appeler cet endroit Jenanálhem, qui désormais porterait en son sein les premiers signes de fertilité et d'abondance. Comment cette cité s'agrandit-elle, mystère, mais elle le fit et se peupla, comme après le déluge qui avait effacé de la Terre la plupart des vies humaines et animales.